Discrètement, elles traversent les couloirs du Palais des congrès peuplés d'une foule de bénévoles, journalistes, musiciens... Guidées par l'équipe du Festival, Maria Rosa Quero et Consuelo Remis, respectivement belle-fille et petite-fille de «Remis», découvrent Lorient et son grand rassemblement annuel. Dans une salle de presse, leurs visages s'illuminent devant les images qui s'affichent à l'écran. Des photos en noir et blanc, celles de leur parent Jose Remis Ovalle (1910-1987), le «gaïtero mayor» d'Asturies (1956 et 1970) et d'Espagne (1970). Un sonneur inscrit avec des lettres d'or dans l'histoire de la gaïta, (la cornemuse ibérique). Depuis 25 ans, le concours sélection pour participer au Trophée Mac Crimmon de solistes de gaïta de Lorient porte son nom. Pour faire bref, Remis est un monument national aux Asturies.
En sonnerie sur le téléphone
«Tout le monde le connaît. Les nouveaux artistes affirment qu'ils ont été élevés au son de la musique de Remis. Même les jeunes aiment Remis: la sonnerie de portable à la mode en ce moment chez nous, c'est un air de Remis», sourient Maria Rosa Quero et Consuelo Remis. La première a chanté sur scène avec Remis, son beau-père. «La Pastorina», de son nom de scène, a également enregistré un disque avec lui: «Les émigrants Asturiens». Car chez les Remis, la musique, c'est une affaire de famille. Jose Remis Ovalle tenait sa musique de son père, «qui était lui-même le sonneur officiel d'Alphonse XIII, roi d'Espagne», assure Maria Rosa Quero. Très tôt, le petit Remis aura une gaïta entre les mains. Mais la réalité de la terre - il se fait paysan - l'éloignera de longues années de la musique.
Remis trop facile
Et puis, un jour, presque par hasard, il accompagne son père et participe avec lui à un concours de sonneurs. Il le gagne, à la grande surprise de tous, même de son père: «Il n'avait pas joué depuis douze ans», s'enthousiasment à présent les deux femmes. Suivra un périple en Amérique, où Remis «a gagné pas mal d'argent en jouant à Los Angeles», l'enregistrement d'un disque qui se vendra à des milliers d'exemplaires, et la consécration. À son retour, Remis gagne le concours national. Trop facile. «Il a finalement été déclaré hors-concours après cela». Le «Mémorial Remis Ovalle» est devenu aujourd'hui le plus disputé et le plus prestigieux des trophées pour la jeune génération de gaiteros asturiens.
C'est l'Amérique
C'est cet homme, dont l'héritage est toujours vivant, qui recevra ce soir un hommage d'Hevia, sans doute l'une des références majeures de la musique celtique issue de la péninsule ibérique. Maria Rosa Quero et Consuelo Remis reconnaissent que l'hommage était évident: «Quand il avait 13 ans, Hevia a rencontré Remis avec qui il a pris des cours de perfectionnement». «Remis: un Gaitero Universal», la création commandée par le Festival interceltique, suivra donc le périple musical sur le continent américain depuis Ushuaïa jusqu'à El Paso, de Los Angeles à la Floride, Cuba, Puerto Rico... Hevia, avec le support des images d'époque, se fera guide sur scène. Et dans la salle, deux femmes se laisseront embarquer avec émotion sur les traces de ce musicien hors-norme.