Centrale au gaz. Landivisiau tient la corde

Éric Besson annoncera finalement demain mercredi, à 14 h 30, à Paris, le choix de l'opérateur -      et donc du site      - de la future centrale électrique à gaz finistérienne. Ce sera un pas vers la réalisation du projet mais aussi un accélérateur de mobilisation pour les opposants. ABriec, Brennilis ou Landivisiau ? A cette heure, Landivisiau fait figure de favori.

Photo Claude Prigent
Photo Claude Prigent
Depuis des mois, tout le monde s'interroge: où sera construite cette centrale thermique combinée à gaz, attendue par les milieux économiques de la pointe bretonne mais vigoureusement contestée par les partisans des énergies nouvelles? Le ministre de l'Industrie, ÉricBesson, devait venir jeudi, à Rennes, donner sa réponse après avoir consulté le Comité de régulation de l'énergie (CRE). Il a fait savoir, hier, qu'il ne pourrait finalement se déplacer mais qu'il ferait tout de même connaître sa décision à la date prévue.

Briec-de-l'Odet à la traîne
Mutisme complet ! Autour de ce dossier, personne ne s'avance. Interrogé la semaine dernière par des chefs d'entreprise, le préfet du Finistère, Jean-Jacques Brot, s'est contenté de faire référence à la visite programmée du ministre. Point. Ses interlocuteurs sont restés sur leur faim. Dans l'entourage du ministre, comme du côté de la préfecture de Région, on est tout aussi peu loquace. À peine réussit-on à faire admettre que, dans ce dossier, la dimension psychologique aura son importance pour le choix du site d'implantation.

Briec-de-l'Odet, a priori, semble écartée pour au moins deux raisons. La plus importante: le site ne correspond pas tout à fait aux nombreuses exigences de l'appel d'offres. La seconde raison est moins avouable: en pleine période électorale, souvent articulée autour de la production nationale, on voit mal un ministre annoncer le choix de l'Italien Enel qui porte le dossier de Briec-de-l'Odet. Cetopérateur est tout aussi compétent que les deux autres mais la période électorale n'est pas la plus favorable.

Deux fronts à Brennilis?
Brennilis? Le site est certes judicieux pour son raccordement aux circuits de distribution, héritée de la centrale en voie de déconstruction. Mais justement: le ministre peut-il se payer le luxe d'ouvrir un deuxième front dans cette commune alors que les organisations écologistes ont réussi à faire suspendre les travaux de démantèlement de la centrale, la première en France à être déconstruite?

Ajouter le chantier d'une centrale au gaz contestée sur un tel site, ce serait prendre le risque de faire de Brennilis un sanctuaire de la contestation où se cristalliserait la fronde des antinucléaires et des opposants à la centrale. Avec des contentieux à l'horizon autour de l'incompatibilité d'un tel chantier dans un périmètre de déconstruction déjà soumis à de lourdes contraintes réglementaires. Lapreuve: les antinucléaires ont réussi à faire stopper provisoirement le démantèlement, par les juges, sur le seul argument de l'insuffisance d'information du public. On imagine le créneau contentieux que leur ouvrirait la proximité des deux chantiers. Et puis, le magnifique site des monts d'Arrée ne serait-il pas un lieu idéal pour organiser des week-ends de contestation, sous les tentes et les barnums, comme le Larzac jadis?

Landivisiau par défaut
Reste donc Landivisiau qui, par défaut, semble être le site le moins contestable et le moins contesté, si l'on se réfère à la tonalité des réunions publiques et à une mobilisation moins forte que sur les autres sites. Le projet est porté par des élus dont la motivation n'est d'ailleurs pas seulement énergétique. La commune est lourdement endettée et les retombées de cette centrale seraient comme une bouffée d'oxygène pour les finances locales d'une commune qui présente, en outre, l'avantage d'être la plus proche des lieux de consommation. Pour le transport électrique, ce n'est pas une donnée accessoire.

Une corvée en moins!
En renonçant à venir jeudi à Rennes, Éric Besson fait au moins un heureux : Jean-Yves Le Drian. Le président PS du conseil régional n'est sans doute pas fâché d'échapper à un protocole qui l'obligeait à prendre la pose auprès du ministre le plus honni dans les rangs socialistes. Il aurait été d'autant plus gêné aux entournures que le pacte électrique breton, élaboré avec le préfet de Région, Michel Cadot, et donnant corps à ce projet de centrale, a fortement déplu à certains de ses partenaires écologistes, pas loin de voir dans ce pacte électrique, un pacte avec le diable à l'heure des énergies renouvelables. Besson d'un côté, les écologistes de l'autre, rude journée! Finalement, Jean-Yves Le Drian échappe donc à la corvée. Mais il devrait tout de même être le premier informé du choix du ministre.
 

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