Stivell. Un Bro Gozh au pied levé

Il a ressenti l'absence du Bro Gozh ma Zadoù dans le protocole de la finale bretonne comme un «manque de respect». Encore tout ému d'avoir finalement pu le chanter, Alan Stivell estime qu'une «troisième grande vague bretonne» s'est levée samedi au Stade de France.

Lors de la finale de la Coupe de France de football, Alan Stivell a chanté le Bro Gozh ma Zadoù a cappella de manière improvisée. Photo Pascal Allée
Lors de la finale de la Coupe de France de football, Alan Stivell a chanté le Bro Gozh ma Zadoù a cappella de manière improvisée. Photo Pascal Allée


Le public ignorait que vous chanteriez le Bro Gozh ma Zadoù au Stade de France. Etait-ce un secret bien gardé?
L'idée de départ était de le chanter avant le match, juste avant la Marseillaise, mais ça avait été refusé. Donc rien n'était prévu. Simplement, alors que j'étais interviewé par France 3 avant le match, le bagad Gwengamp est arrivé sur la pelouse et s'est mis à chanter Tri Martolod. Du coup, je me suis mis à les diriger du geste, avant de les rejoindre au milieu du stade. C'était vraiment amusant pour moi comme pour eux:jouer Tri Martolod et être dirigé par moi... Cette première partie s'est faite dans la spontanéité la plus totale. Mais il y avait une petite frustration de ne pas chanter le Bro Gozh.

Comment avez-vous opéré pour le chanter finalement?
Quand j'étais au milieu de la pelouse avec les deux bagadoù, je me suis dit pourquoi ne pas le chanter après, comme ça se fait beaucoup dans des soirées au pays de Galles? Le protocole ne prévoyait rien pour après, donc rien n'était interdit. Du coup, je suis allé voir l'animateur à la fin du match, et avec l'accord d'un représentant de la FFF, il m'a passé son micro et j'ai chanté a cappella. On m'a dit que ça sonnait très bien. Il y a eu une part de chance, car l'ingénieur du son a été prévenu presque sur l'instant.

Pourquoi teniez-vous tant à chanter le Bro Gozh?
Parce que comme tout être humain, les Bretons doivent être respectés. Exclure l'hymne breton du protocole, c'était un manque de respect. La Fédération a invoqué un précédent en disant qu'on l'avait refusé aux Corses. Mais il n'y a jamais eu une finale corse au SDF. C'est pour ça que juste avant de chanter, j'ai dit«c'est une répétition pour la prochaine fois». Pour que la prochaine fois, l'hymne breton ne soit pas joué juste pour faire joli. C'est quand même quelque chose de symbolique pour les Bretons!

Pourtant, le Bro Gozh n'est pas très connu en Bretagne. La soirée de samedi peut-elle être son acte de naissance?
Oui, ça l'est. Beaucoup de gens dans ma jeunesse connaissaient le Bro Gozh, mais aussi beaucoup de chants d'origine écossaise, irlandaise, galloise, traduits en breton. J'espère que ce sera l'occasion de les faire resurgir. Des symboles, des drapeaux, des hymnes il n'en faut pas forcément trop, mais il en faut tout de même un peu. Y aurait-il un sentiment de communauté bretonne si on remplaçait le mot Bretagne par «extrême Ouest», comme on a essayé de le faire à une époque, ou s'il n'y avait pas un Gwenn-ha-du? Qu'il y ait un chant qui symbolise l'existence de cette Bretagne, rien de plus normal!

Que restera-t-il de cette soirée?
Pour moi, c'est le début d'une troisième grande vague bretonne. Quand j'ai chanté le Bro Gozh, il n'y avait plus aucune télé. Mais avoir vu ce Stade de France complètement rempli de Gwenn-ha-du, c'est évident que ça marque. Ça choquerait presque certains, j'imagine. Les Bretons, depuis quelques décennies, n'ont plus honte d'être bretons. Mais je pense que cette soirée les a regonflés à bloc! La Bretagne n'a pas de raison de ne pas prendre sa place en Europe. C'est-à-dire une des premières, peut-être un peu au-dessus du pays de Galles et en dessous de l'Ecosse et de la Catalogne.

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