Pêche. Une installation à contre-courant

Le projet relève aujourd'hui de l'utopie. Ou presque. À la faveur d'une liquidation judiciaire, un jeune patron du Guilvinec vient de faire l'acquisition d'un chalutier de 16m.

Sébastien Le Prince a bénéficié du soutien de la CCI et de son président Jean-François Garrec, pour la reprise du Magellan II. Photo J.L.B.
Sébastien Le Prince a bénéficié du soutien de la CCI et de son président Jean-François Garrec, pour la reprise du Magellan II. Photo J.L.B.
Il pensait devoir trouver un travail à l'offshore ou au thon tropical, faute de pouvoir mener à bien son projet. Sébastien Le Prince, 33 ans, est l'heureux propriétaire d'un chalutier de 16m. «Il ne manque plus qu'un mécano», lance le jeune patron pêcheur. Après deux années de copropriété à la barre du Sextant, il avait décidé de revendre ses parts à l'armement Océane pour devenir autonome. Un projet bien difficile à mettre en oeuvre à l'heure où les plans de sortie de flotte faussent le marché de l'occasion. «Le Magellan est pour moi l'occasion inespérée. Basé à Granville, l'armement avait perdu un gros marché d'olivette», explique-t-il. L'entreprise a été liquidée le 10avril dernier par le tribunal administratif de Coutances. Il a retenu l'offre du patron bigouden, face à la proposition d'un armateur irlandais. Une issue favorable obtenue avec le concours de la chambre de commerce et d'industrie, caution morale dans le dossier. «Tous les jours, on voit des bateaux qui partent à la casse On ne pouvait pas rester sans rien faire», commente Jean-François Garrec, son président. Et de poursuivre: «Dans la conjoncture, on se doit d'être présent: alors, individuellement, la CCI fait aussi beaucoup auprès des professionnels».

Un coup de pouce aux jeunes

Le Magellan fait pourtant figure d'exception. En dehors de la petite pêche, l'installation des jeunes est rare sur les quais. En raison du coût des investissements. Mais aussi de la faiblesse des aides. 50.000 EUR pour une première installation. «Un bateau comme celui-là, c'est 600.000 à 650.000 EUR. Sans cette liquidation judiciaire, c'était impossible», poursuit Sébastien Le Prince. Il doit pourtant se battre contre l'administration pour bénéficier de la subvention à l'installation, pas obtenue il y a deux ans du fait de la copropriété. Pour la CCI, qui lui apporte une nouvelle fois son soutien, il faut aller plus loin. Son projet de prêt à taux zéro reste pourtant suspendu à une autorisation de Bruxelles. «Il est temps de pouvoir construire des bateaux neufs», renchérit Sébastien Le Prince.

Première marée

Depuis son convoyage à Saint-Guénolé, le chalutier bénéficie de quelques travaux. Équipé de nouveaux chaluts et d'un vivier à langoustines, il prendra la mer jeudi ou vendredi pour sa première marée, depuis Le Guilvinec, son port d'attache. «L'hiver, ce sera le poisson, dans l'ouest de Penmarc'h, histoire de conserver un bon niveau de chiffre d'affaires», souligne le jeune patron. À la barre d'un bateau en bon état, il souhaite pérenniser son entreprise et mettre de l'argent de côté pour l'entretien. «J'y crois toujours. À la pêche, avec un bateau en bon état, il y a encore de l'argent à gagner».

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