«On a écrit, cet été, à DelphineBatho (ministre de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie). On n'a pas obtenu de réponse. Le ministre de la Mer pourra bien faire le facteur...». 10h, hier, sur le perron de la mairie de Perros-Guirec. Sourire en coin, Alain Bidal, président du collectif Le Peuple des Dunes en Trégor, a la formule facile. S'il n'a pas vu Frédéric Cuvillier en personne - le ministre délégué clôturait, hier, le congrès de l'Association nationale des élus du littoral - le porte-parole des opposants au projet d'extraction de sable coquillier en baie de Lannion (400.000m³ par an) a pu faire passer le message au représentant du gouvernement.
«Ne pas opposer les emplois»
C'est François Lambert, conseiller «mer» auprès du ministre, qui a joué les intermédiaires. «Le cabinet du ministre avait peur que nous manifestions, il nous imaginait peut-être comme des écolos tout fous, des gens trop "clivants". Mais il a bien compris que nous n'étions pas dans ce registre», résume Alain Bidal. Entouré de Philippe Priser, voix des pêcheurs professionnels, et de Patrice Desclaud, administrateur d'Eauetrivières de Bretagne, leporte-parole explique avoir, d'emblée, cherché à évacuer toute méprise. «Le Peuple des Dunes n'est pas là pour dire non à l'extraction de sable mais seulement pour dire non à l'exploitation à cet endroit-là», martèle le militant qui rappelle que le gisement, visé par la CAN (groupe Rouiller), ne se trouve qu'à 6km des côtes de Trébeurden, dans une dent creuse, située entre deux zones Natura2000. «On ne veut pas davantage opposer les emplois. Mais quand le groupe Roullier parle de 25 salariés dans la balance, nous, on peut parler des 100 bateaux de pêche qui travaillent sur la zone, de la plaisance, du tourisme... Leconseiller du ministre a bien compris que ce ne sont pas des emplois délocalisables». Alors que Claudy Lebreton, président du département, dit «non», que les treize communes littorales concernées, l'agglo trégorroise, la députée Erhel, mais aussi les comités des pêches partagent la même unanimité, le Peuple des Dunes s'est senti, hier, «encouragé» dans sa démarche.
«Continuer à alimenter le débat»
«On nous a dit de continuer à alimenter le débat», glisse AlainBidal, prêt à pousser plus loin la bataille médiatique. Enconférence de presse, en marge du congrès, le ministre, lui, s'est montré un brin plus vague. S'il convient de ne pas opposer «développement durable et économie», déclare Frédéric Cuvillier, il serait «illégitime» de sa part de se prononcer officiellement, alors que la demande de titre minier, porté par la CAN, est encore «en instruction». De toute façon, en cas de scénario favorable à la CAN (les arbitrages sont attendus début 2013), «nous attaquerons au tribunal administratif», rappelle Alain Bidal, qui a pris contact avec un avocat spécialisé. Et Philippe Priser d'enchérir: «Je suis pêcheur et la profession n'attend qu'un signe pour se mobiliser». En mai dernier, le collectif avait réuni 4.500 manifestants à Trébeurden.