Risques côtiers. Mieux gérer le littoral

Comment prévenir, sur le littoral, les risques liés à la montée des eaux ? Vaste question qui a fait l'objet, hier à Lorient, d'un colloque qui a montré la nécessité d'une meilleure gestion de ce qu'on appelle le trait de côte.

En bordure de la plage de Gâvres (56) des digues ont été construites pour protéger les habitations. Une solution coûteuse que le maire de Lorient ne souhaite pas voir se généraliser. Photo archives Yves Guégan
En bordure de la plage de Gâvres (56) des digues ont été construites pour protéger les habitations. Une solution coûteuse que le maire de Lorient ne souhaite pas voir se généraliser. Photo archives Yves Guégan
« La machine thermique est en route. Le réchauffement climatique va faire monter le niveau de la mer, au moins de 20 à 60 cm d'ici la fin du siècle », Thierry Eveno, de Météo France, ne s'embarrasse pas de conditionnel. Pour lui l'affaire est entendue. Conséquence, les risques d'un scénario à la Xynthia en Bretagne doivent être pris très au sérieux. « On n'a pas le droit de minimiser les risques », a averti, de son côté, Jean-François Savy, le préfet du Morbihan. Mais comment, face à la montée inéluctable des eaux, faire que la mer, un atout pour la Bretagne, ne devienne pas à terme un handicap ? C'est la question que se sont posés, hier, de nombreux élus réunis à Lorient pour une journée de réflexion sur la gestion du trait de côte, cet espace très convoité, point de rencontre entre le milieu terrestre et le milieu maritime, mais aussi très fragile et très exposé aux risques de submersion.

De quoi s'y perdre

Une solution consisterait à protéger « à tout prix » cet espace, là en tout cas où il est le plus menacé, par des ouvrages de défense. Mais cette solution, outre qu'elle est très coûteuse, ne serait pas forcément très efficace à long terme car le trait de côte bouge. « On ne ferait que déplacer les problèmes d'érosion », a expliqué Norbert Métairie, le maire de Lorient. Comme il n'est pas non plus question de « fossiliser » cet espace ou de l'abandonner à la montée des eaux - ce qui se fait dans certains pays -, la bonne solution passe par un meilleur aménagement. Bref, une gestion qui soit plus adaptée à la nouvelle donne du changement climatique. « On a oublié de maîtriser le développement de la maison individuelle, un morcellement qui bloque les rapports de biodiversité entre les espaces maritimes et terrestres », a souligné Patrick Le Louarn, professeur de droit, spécialisé dans le droit de l'urbanisme et de l'environnement. Ce ne sont pourtant pas les outils qui manquent. Mais entre les Papi (programmes d'action de prévention des inondations), les PSR (plan submersions rapides), TRI (Territoires à risques importants) PCS (plans communaux de sauvegarde) et autres PPRL (Plans de prévention des risques littoraux), les élus ont vraiment de quoi s'y perdre.

Impliquer les propriétaires privés

Qu'en est-il de l'efficacité de ces plans en tous genres ? « Il serait important qu'il y ait une certaine structuration », a fait remarquer Pierre Karleskind, chargé de la mer et du littoral à la Région. Une stratégie régionale en tout cas s'impose. La Bretagne a été la première région à se doter, en 2008, d'une politique pour la gestion intégrée de la zone côtière mais comme l'a souligné Patrick Le Louarn cette notion de zone intégrée reste une notion administrative. Il faut, selon lui, faire passer la gestion des zones côtières dans la loi. Pour cet universitaire il serait, par ailleurs, important d'impliquer les propriétaires privés dans la gestion du trait de côte, là où les dangers sont les plus importants. Il suggère également la création d'un agent foncier du trait de côte dans chaque département.

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