Aux urnes citoyens! On retourne aujourd'hui dans les bureaux de vote et ce soir, on devrait déjà savoir si Jean-Marc Ayrault va rester à l'hôtel Matignon ou si la droite peut réussir un spectaculaire retour de balancier. Ce qu'on sait déjà, c'est que le prince Albert de Monaco sera, lui, bel et bien à Matignon. Début juillet, il va venir, pour la première fois, dans cette commune des Côtes-d'Armor d'où l'un de ses ancêtres, le sire de Goyon-Matignon s'en alla, en 1715, épouser une Grimaldi. C'est lui qui a donné son nom à l'hôtel Matignon où réside aujourd'hui un roturier nantais. Le monde est petit. Mais alors, allez-vous dire, pourquoi notre prince Albert ne porte-t-il pas le nom de Goyon-Matignon, celui de son lointain aïeul masculin? Parce que la loi monégasque impose de garder le nom patronymique de la dynastie Grimaldi, vous répondrait royalement Stéphane Bern. Notre prince, qui a un peu de sang breton dans les veines (d'où son attirance pour la mer), en profitera pour visiter le Fort La Latte, fameuse citadelle immortalisée par Kirk Douglas dans «Les Vikings» et qui fut propriété de sa famille dans un lointain temps jadis. Il ne manquera plus que le Gwenn-ha-du sur la tour du fort et Nolwenn Leroy chantant le «Bro Gozh» et ça nous fera notre petit jubilé à nous. God save Matignon!
C'est à quel nom?
Le «Bro Gozh», ils ont sans doute eu envie de l'entonner, les métallos du chantier Piriou de Concarneau en apprenant, cette semaine, que leur entreprise vient de décrocher un contrat de 50millions d'euros pour la construction d'un bateau de plaisance. Une belle bête dont on sait déjà pratiquement tout. Le dessin, la coque, la passerelle, voire même la taille des boulons. Tout sauf le nom du futur propriétaire, dont on sait seulement qu'il est francophone. Selon une source proche du bureau de tabac de la rue Saint-Pierre à Matignon, il ne s'agit pas du frère d'une princesse qui chanta «Comme un ouragan» en 1986, annonçant, de façon prémonitoire, la tempête qui, un an plus tard, allait balayer Matignon. Et accessoirement, le reste de la Bretagne.
Juges arbitres
Des Bretons solidaires, il y en a partout, y compris dans la justice. C'est du moins l'opinion du président du club de foot de Reims. Après une rencontre très cafouilleuse, en 2008, le tribunal administratif de Rennes avait donné match gagné aux Brestois. Mais le Rémois avait contesté l'arbitrage, hurlant à tous les vents qu'il y avait une «solidarité bretonne des magistrats» et que tout cela n'était qu'une «parodie de justice». Du coup, le Stade Brestois avait porté plainte! Et à quoi a conclu le tribunal de Rennes, cette semaine, dans cette vieille affaire? Que ce n'est pas le Stade Brestois qui était visé mais la justice et que tout le monde devait donc retourner aux vestiaires. Reste la question pendante: y a-t-il vraiment une solidarité bretonne des magistrats? Si c'est le cas, il va falloir qu'ils fassent quelque chose dare-dare pour Jérôme Kerviel. À la mi-temps, il perd 5milliards à zéro!
Vin Diou!
Il n'y a pas que l'ancêtre du prince de Monaco à avoir eu des racines bretonnes. La preuve: lors du récent pardon de saint Yves à Tréguier, l'abbé Roche a expliqué, clair comme de l'eau, au cardinal Ricard qui présidait la cérémonie, que saint Émilion était breton. Eh oui, il est né à Vannes, notre petit saint tant vénéré dans les vignes du Seigneur. Pour sa venue dans les Côtes-d'Armor, Albert II serait bien inspiré, au nom de la grande diaspora bretonne, de faire rimer Matignon avec Saint-Émilion. Et avec modération, mon prince, avec modération! Contact grainsdesel@letelegramme.fr