Un élément de plus au dossier du Mediator, qui fait l'objet de plusieurs procédures judiciaires: une étude, la première publiée dans une revue scientifique internationale (Pharmacoepidemiology & Drug Safety), démontre que le médicament des laboratoires Servier a «probablement» causé la mort d'au moins 1.300 personnes et entraîné 3.100 hospitalisations, entre1976 et2009, en France. Les chiffres sont probablement «sous-estimés», ont souligné les auteurs. Le Mediator, ou benfluorex, est un coupe-faim, d'abord indiqué contre l'excès de graisses dans le sang, puis comme traitement adjuvant chez les diabétiques en surpoids, avant son retrait du marché en 2009. 145millions de boîtes ont été vendues en France, avant le retrait du médicament, selon le fabricant.
303.336 patients
L'étude des chercheurs Mahmoud Zureik et Agnès Fournier, de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), qui, déjà fin 2010, avaient avancé une «fourchette» de 1.000 à 2.000morts, est plus fouillée et s'est penchée sur un des effets néfastes graves du Mediator, les atteintes des valves cardiaques ou valvulopathies à l'origine d'hospitalisations, d'opérations et de décès. Les scientifiques ont établi leurs calculs avec des données de l'Assurance-maladie portant sur 303.336patients ayant eu au moins un remboursement en 2006 pour le Mediator, 54% l'utilisant encore en 2007, 39% en 2008 et 31% en 2009. Pour évaluer la mortalité, les chercheurs ont retenu une étude américaine montrant qu'en cas d'atteinte valvulaire modérée à sévère, le risque de décès prématuré était de 43%.
Dr Frachon: «Une étude indispensable»
Le Dr Irène Frachon, pneumologue brestoise qui a mis au jour le scandale du Mediator, a aussitôt réagi, hier: «Cette nouvelle étude, publiée dans une revue internationale, est très importante, car elle confirme, précise et conforte la première évaluation réalisée, il y a un an.» «Cette étude était indispensable car les laboratoires Servier continuent à nier l'évidence, en encourageant des tentatives d'intoxication et de manipulation. Cette étude était indispensable parce qu'encore aujourd'hui des cardiologues rechignent à reconnaître la responsabilité du Mediator dans les cas de valvulopathies! Aujourd'hui encore, on doit prouver qu'il y a des morts... C'est fou! Et terrible pour les victimes», a martelé le médecin.