Christian Noyer. «L'accord de Bruxelles est bon»

Gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer a été un des acteurs importants des négociations entre les États européens qui ont conduit à l'accord intervenu la semaine dernière à Bruxelles.

Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, n'a «aucune inquiétude concernant le système bancaire français». Photo Philippe Crehange
Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, n'a «aucune inquiétude concernant le système bancaire français». Photo Philippe Crehange
L'accord intervenu à Bruxelles protège-t-il durablement la zone euro?
Je crois que c'est un bon accord. Il comporte des règles de gouvernance qui manquaient. Nous avions bien le pacte de stabilité et de croissance, mais il n'était pas d'un niveau juridique suffisant, et il n'a pas été respecté comme il aurait dû l'être. Avoir désormais des règles de gouvernance claires, qui sont bonnes sur le fond et qui seront intégrées dans les constitutions et les lois organiques des États, c'est une bonne solution qui doit nous apporter une protection durable.

Quelles seraient les conséquences d'une dégradation de sa note AAA pour la France ?
Je ne sais pas ce que ferons les agences de notation. Ce que j'observe, c'est que ces agences ont réussi, par leurs commentaires critiques, à fragiliser un sentiment positif qui existait sur le marché au lendemain du sommet de Bruxelles. En outre, la dégradation ne me paraît pas justifiée au regard des fondamentaux économiques. Ou alors, il faudrait qu'elles commencent par dégrader le Royaume Uni qui a plus de déficits, autant de dettes, plus d'inflation, moins de croissance que nous et dont le crédit s'effondre.

Quelle est la légitimité de ces agences de notation?
Les agences sont devenues franchement incompréhensibles et irrationnelles. Elles lancent des menaces, alors même que les États ont pris des décisions fortes et positives. Les agences de notation font comme s'il ne s'était rien passé. On peut penser que l'utilité des agences pour guider les investisseurs n'est plus avérée aujourd'hui.

Diriez-vous que leurs jugements se fondent sur des critères politiques?
Effectivement, dans l'argumentation qu'elles développent, il y a plus d'arguments politiques qu'économiques.

Les agences de notation ont dégradé la note de trois grandes banques françaises. Nos banques sont-elles sous capitalisées ?
Non, elles sont très bien capitalisées, notamment comparées à leurs homologues européennes et américaines. Il ne faut pas exagérer la portée de cette dégradation d'autant plus que les agences de notation ont dégradé récemment la plupart des grandes banques, dans les pays développés. Ce qui est sûr, c'est que nos banques ont des fonds propres tout à fait suffisants au regard de l'ensemble du système bancaire mondial. Il est vrai que nous leur demandons de renforcer leur solidité pour répondre aux nouvelles exigences réglementaires qui ont été décidées au niveau mondial et européen. Elles le font sur leurs ressources propres et bien entendu sans l'aide de l'État. Voilà pourquoi je n'ai aucune inquiétude concernant le système bancaire français.

Est-ce que les clients de ces banques, les entreprises et les particuliers, doivent craindre des restrictions de crédit ?
Non et les chiffres le prouvent. Les banques françaises restent très actives dans la distribution de crédits:+8% dans le crédit immobilier,+5,6% pour le crédit aux entreprises,+5,1% pour le crédit aux PME. Ce qui leur permet d'être solides et bénéficiaires, c'est précisément leur activité de banque de détail.

La France est-elle condamnée à une longue période d'austérité ?
La France doit être impérativement très rigoureuse dans la gestion de ses finances publiques. Elle doit retrouver rapidement l'équilibre budgétaire, ce qui suppose en particulier une réduction structurelle de nos dépenses publiques. Nous avons vécu, comme beaucoup d'autres, au-dessus de nos moyens pendant trop d'années. Il faut en finir avec l'accumulation de la dette. Et la croissance reviendra si la confiance revient. Et pour retrouver la confiance, il faut donner la garantie que nos finances publiques seront assainies.

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