Portrait. Amrani-Mekki, une anti Dati ?

Agrégée de droit à 29 ans, ancienne directrice de l'Institut d'études judiciaire (*), Soraya Amrani-Mekki, née dans une cité de Montfermeil, cadette d'une famille immigrée de sept enfants, a un cursus aussi exemplaire que discret. L'anti Dati?

Michèle Fitoussi
Michèle Fitoussi
[FITOUSSI-Q]Au physique, une jolie brune discrète et toujours souriante. Sur le papier, un CV impressionnant. Professeur agrégée à Paris X, spécialiste de procédure civile, Soraya Amrani-Mekki raconte volontiers son parcours. Un père d'origine algérienne ouvrier sur les chantiers, une mère au foyer, tous les deux illettrés, une enfance dans une cité de Montfermeil.

Des parents à l'esprit large

Dès son plus jeune âge, Soraya a surinvesti l'école. «Je dois tout à la largeur d'esprit de mes parents. Mes copines portaient le voile, faisaient le ménage. Eux avaient le respect du savoir, ils m'ont toujours laissé étudier.» Les cours, pour elle, étaient une «bouffée d'oxygène». «J'allais même à ceux de soutien et d'approfondissement.» Après son bac mention très bien, elle a du mal à choisir une voie. Tout l'intéresse: «Le droit me permettait de faire un peu de tout». Des études brillantes, mais très difficiles matériellement même si elle en parle avec pudeur. «J'ai fait des petits boulots... Et rien dépensé pendant toutes ces années.» C'est à la fac qu'elle rencontre son mari, Mustapha, futur agrégé de droit comme elle, qui vient de la banlieue, comme elle. «En quittant ma cité, dit-elle en riant, je m'étais juré de ne pas faire de pénal, de ne pas épouser un Arabe, et surtout de ne jamais retourner d'où je venais!» Raté. Si ses deux soeurs s'en sont très bien sorties (l'une est gestionnaire à Sciences Po) il n'en a pas été de même pour ses frères, dont deux sont handicapés. «Les garçons dans la cité sont plus exposés que les filles. Ils payent toute leur vie leurs erreurs de jeunesse. Je me suis occupée de leurs dossiers: le droit du handicap n'existe pratiquement pas. J'ai décidé de m'y investir sérieusement.»

Bosseuse acharnée

Elle qui voulait être seulement une technicienne du droit se dit «rattrapée par son destin». Ce qui la perturbe encore? «Le grand écart» entre son ancien milieu et sa vie actuelle. «Avec les années, ça va mieux, même si je ne vois plus mes copains d'enfance.» Mère de deux jeunes enfants, cette bosseuse acharnée vient d'entrer à la Commission nationale des droits de l'Homme. Se voit-elle un destin politique, à la Rachida Dati? «Elle nous a ouvert la voie, c'est certain. C'est plus facile aujourd'hui. Les gens me regardent différemment, ils se disent que c'est possible. Pour le reste, on verra. La politique c'est aussi une affaire de rencontres. Pour le moment, je me dis que je fais le plus beau métier du monde.»[/FITOUSSI-Q]

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