Point de vue. Sale temps pour les femmes

Alors que se tient aujourd'hui la 100e édition de la journée internationale de la femme, beaucoup reste à faire en France.

Christine Clerc.
Christine Clerc.
«Backlash» - «Revanche» : dans ce best-seller, la féministe américaine Suzan Faludi, prix Pulitzer 1990, montrait pourquoi la progression des femmes avait ralenti aux États-Unis, et comment la droite réactionnaire combattait le féminisme par des arguments que l'on retrouve aujourd'hui en France dans la bouche de polémistes: la féminisation de nos sociétés entraînerait un affadissement de la virilité. Dix ans après, le phénomène a franchi l'Atlantique. Alors que Nicolas Sarkozy s'apprête à recevoir à l'Elysée un collectif d'associations contre les violences faites aux femmes ? croisade proclamée «grande cause nationale 2010»- et que vont se succéder toute la journée colloques et fêtes, le bilan français n'est pas bon.

Discours et discriminations

Au Conseil constitutionnel, où siégeaient trois femmes et six hommes quand Simone Veil en était membre, il ne reste plus qu'une «sage». Dans les entreprises du CAC 40 ? comme Renault, dont l'ancien P-DG, Louis Schweitzer, vient pourtant de présider durant quatre ans la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations), on ne trouve qu'une femme sur 18 administrateurs. Au gouvernement, il reste certes Michèle Alliot-Marie, Christine Lagarde, Roselyne Bachelot, Rama Yade... Mais le nombre de ministres féminins s'est réduit depuis que Sarkozy parcourait le monde escorté de sa «dream-team», en tête de laquelle Rachida Dati. En vérité, et même si son épouse Carla assure, dans une vidéo diffusée par Femmes Actuelles,«dès qu'il y a des filles, le voilà!», le président n'a pour collaborateurs que des hommes. Et ce n'est pas un hasard si Anne Lauvergeon, P-DG d'Areva, se voit menacée par le nouveau Pdg d'EDF, Henri Proglio, qui veut régner sur le nucléaire.

Fleurs et galanteries

Les femmes feraient-elles peur? «Non, me répondait Simone Veil, que j'interrogeais au lendemain de son élection à l'Académie française: c'est simplement du mépris». De telles atteintes aux principes qui fondent l'identité nationale ne constituent pas seulement une injustice. Lorsqu'on voit que, sur les sept millions de Français vivant dans la pauvreté, une majorité est constituée de femmes, dont deux millions élèvent leurs enfants seules, on comprend, comme le montre Florence Aubenas dans son beau livre sur les femmes de ménage de ferry-boats, «Le Quai de Ouistreham», qu'il est impossible, dans ces conditions, de mener des millions d'enfants à un niveau d'excellence. Or, comment survivre face aux géants «émergents» sans un très haut niveau de formation? Le coup de vent qui atteint les Françaises aujourd'hui pourrait être, si l'alerte n'est pas donnée, l'annonce d'une tourmente qui touchera tout le pays. Comme cette journée de fleurs et galanteries paraît donc dérisoire!

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