Après un début de semaine encourageant, les places boursières mondiales ont fortement chuté, hier, dans le sillage des valeurs bancaires. La récession se profile en Europe et aux États-Unis.
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Interrogations sur la nature de la nouvelle récession qui se profile, doutes persistants sur la solvabilité de certains États européens endettés, inquiétudes sur la solidité de certaines banques: il n'en faut pas plus pour provoquer en Europe et aux États-Unis de spectaculaires reculs des indices boursiers. La plus forte baisse a été enregistrée à Milan hier (- 6,1%) mais Francfort a également chuté (-5,82), un peu plus que Paris (-5,48), Madrid (- 4,70), Londres (- 4,49), Berne (- 4,15), Lisbonne (- 4,12). Hier soir, Wall Street n'a guère fait mieux avec un Dow Jones (- 3,6%) et un Nasdaq (-5,17%) en berne.
Dégringolade autour d'une confidence
Dès l'ouverture, les marchés américains suivaient le mouvement: Dow Jones (- 3,4%), SP 500 (-4,3), Nasdaq (- 4,6). L'or a bondi au-dessus de 1.825dollars l'once tandis que le pétrole, qui arrivera dans les stations-service en septembre, descendait en dessous de 85dollars le baril. L'euro a poursuivi sa dépréciation à1,43dollar contre 1,44 la veille. L'élément déclencheur de la dégringolade boursière a été la confidence faite par un membre de la Réserve fédérale américaine au Wall Street Journal: la FED enquête sur des retraits massifs de liquidités dans les succursales américaines de banques européennes. Des sommes considérables ont traversé l'Atlantique d'ouest en est, sans doute pour renflouer des établissements fragilisés.
La Société Générale plonge
La Banque centrale des États-Unis demande à ces établissements de maintenir sur le sol américain un pourcentage légal d'argent. Ce rappel à l'ordre inhabituel a provoqué un décrochage du Crédit agricole (- 9%), de BNP Paribas (-8,24) et surtout de la Société Générale qui a plongé de 12,09% en milieu d'après-midi. La troisième banque française n'a pas une bonne réputation aux États-Unis: trop gourmande en produits dérivés dont certains se sont avérés toxiques, trop exposée aux dettes souveraines grecque, italienne et française. La rumeur de la semaine dernière a été fabriquée en Grande-Bretagne mais elle a été dévastatrice parce qu'elle s'appuie sur des analyses empreintes de défiance.
À quand la récession?
Tout le secteur bancaire en pâtit d'autant plus que le projet Sarkozy-Merkel de taxation des transactions financières va désavantager les banques européennes face à leurs concurrentes américaines et asiatiques. Enfin, les indices conjoncturels américains ont confirmé les signes annonciateurs d'un ralentissement économique global déjà constaté en Europe. Ce n'est pas encore la récession mais les investisseurs se demandent déjà si elle sera violente mais brève aux États-Unis, modérée mais longue en Europe, et avec quels risques en Chine si le taux de croissance passe en dessous de 9% par an.