Face aux grandes surfaces, certaines professions résistent encore et toujours, pour le plus grand bonheur de nos papilles. À Ploujean (lire ci-dessous), deux jeunes femmes ont repris le café-épicerie du bourg. À Morlaix, il existe deux épiceries incontournables. La première est située au 9de la rue Gambetta. Pascal Lebos, depuis 1987, ouvre toute la semaine l'été et les mardis, jeudis, vendredis, samedis et dimanches durant l'hiver. «On travaille avec les producteurs du coin, et on fait du produit de qualité. De ce côté-là, je ne crains pas les grandes surfaces. Du côté des prix non plus, même si c'est le pot de terre contre le pot de fer, car il ne faut pas avoir peur du contact, avec les clients mais aussi avec les fournisseurs. Mais on vit une époque catastrophique. Heureusement que certains d'entre eux, comme certains banquiers, sont à notre écoute». Plus loin, vers le port, le numéro35 de la place Charles-de-Gaulle est
le royaume de Geneviève Baron et de sa fille Agnès. La première, descendante en droite ligne d'une famille de commerçants, y a ouvert, en janvier1965, un commerce comme il en existait naguère et qui s'appelle très sobrement «L'épicerie», justement.
«On est ouvert tous les jours»
Geneviève ayant décidé de faire valoir ses droits à une retraite bien méritée, sa fille a pris le relais en 1997. Méritée, ô combien, car les journées commencent à 7h, pour se finir bien souvent après 20h. Un rythme qui, loin d'effrayer sa fille, lui permet au contraire de tenir la dragée haute à tout ce qui n'est pas commerce de proximité. «On est ouverts tous les jours, même le dimanche matin! On est connus et on connaît la plupart de nos clients. Heureusement, j'en vois arriver de nouveaux, de tous les âges, qui veulent de la qualité, mais aussi des échanges entre générations».
«Une question de service rendu»
C'est sans doute un des secrets de la longévité de ces commerces pleins de charme. Un secret qui permet à nombre de clients et amateurs des délicieux produits du terroir de résister aux sirènes de la grande surface et à ses tarifs. Même si Agnès Baron s'en défend. «Ce n'est pas une question de prix. C'est une question de service rendu à notre clientèle, par notre présence, nos attentions et notre proximité. Et puis, nous ne vendons pas les mêmes produits». Si vous êtes amateur de produits régionaux frais ou en conserves, d'alcools fins, de confiseries et autres douceurs, ne cherchez plus, allez humer les senteurs et l'ambiance d'un commerce «à l'ancienne».